L’histoire de notre village des origines à nos jours
LA « PIERRE COUVEE » MENHIR
La « pierre Couvée », menhir ou pierre levée, date de l’époque Neolithique (âge de la pierre polie : -7000 / -3000).
NEOLITHIQUE :
Dans l’histoire de l’humanité,l’impact de la révolution Néolithique est aussi importante que celui de la révolution industrielle. C’est en effet au cours de ces trois millénaires, entre 5300 et 2300 avant J.C., que l’agriculture et l’élevage se sont mis en place, accompagnés dans nos régions, par la sédentarisation des populations. Nouvelles plantes, nouveaux animaux domestiqués… Mais en fait tous les aspects de la vie se trouvent modifiés : du simple geste technique aux croyances, en passant par les relations sociales et les systèmes politiques.
SITUATION : Le menhir de Courtomer est un bloc de grès de Fontainebleau, haut de deux mètres et large d’autant, fiché en zone inondable de la vallée de l’Yerres. Ce menhir a fixé une légende que l’on retrouve souvent pour d’autres mégalithes.
LEGENDE : « Ayant appris que sa sœur AUBIERGE allait construire une chapelle, GENEVIEVE souhaita participer au travail. Elle se rendit en forêt de Fontainebleau, choisit une belle pierre qu’elle plaçât sur son dos, et prit le chemin du retour. Près de Courtomer, un ange lui dit : « cela ne vaut plus la peine, la chapelle est terminée ».Genevieve laissa tomber l’inutile fardeau qui se ficha en terre. Ainsi naquit la pierre couvée ». CLASSEMENT : Notre menhir, ayant échappé aux diverses menaces de destruction depuis 50 siècles, fut classé Monument Historique le 5 janvier 1971.
PETITE HISTOIRE LOCALE
Succédant aux chasseurs-cueilleurs du Paléolitique, des éleveurs et cultivateurs du Mésolithique pis du Néolithique, des tribus Celtes, venues de l’est aux environs de 750 avant J.C., s’installent progressivement dans la région.
Environ 350 ans avant notre ère, c’est le tour des peuples de la Gaule Belgique ( dont les Meldes). La conquête de la forêt briarde est lente et tardive, tant celle-ci apparaît, sauf pour ceux qui y trouvent refuge, comme une forteresse impénétrable. Elle se fait donc en trois phases :
– pénétration par la rivière, voies naturelles. On y vit de la pêche et de la chasse, on exploite le bois…L’Yerres, qui est approximativement la « zone de contact entre les Meldes et les Senons », servira jusqu’à la Révolution, pour l’acheminement du bois et du blé briard jusqu’à la Seine et Paris.
– Pénétration par les pistes intertribales gauloises , puis par les voies romaines, principales et secondaires : Via Agrippa, chemin perré ou paré menant de Chailly-en-Brie à Orléans, via Melun ( et passant le long de la ferme de Paradis).
– Attaque de la forêt. Les Romains sont les premiers à s’y atteler, mais tout se fait lentement !
A l’origine de notre village, hormis de petites “fermes” gallo-romaines éparses, il devait certainement exister, en position centrale, une grosse villae dont les traces ne sont plus perceptibles de nos jours, car le bourg actuel s’est fortement étendu…
L’époque Gallo-romaine florissante, se termine avec les invasions barbares. Période très troublée où les gens se replient sur eux-mêmes, face aux agressions incessantes. Les évènements conduisent à une régression importante de la civilisation.
Le pays des Meldes, tour à tour en Belgique puis en Lyonnaise, sous la domination romaine, est définitivement soumis aux FRANCS avec la victoire de Clovis à Soissons en 486…
Lors des grandes invasions barbares de 476, les Wisigoths, Ostroghots et autres Goths, passent le Rhin et envahissent la Gaule, chassant les ROMAINS déjà sur la décadence, et s’installent. Sur le modèle de leurs prédécesseurs, ils reprennent où créent les « curtis », domaines en autonomie totale, comme ce fut le cas à COURTOMER. L’on voit alors l’abandon des noms latins (Courtomeriae), pour leur traduction germanique ( CURTIS AUDOMARI / CURTIS OMEREI)
COURTOMER- Ferme ou domaine d’Audmar ou Omer…
Ce qu’il est important de remarquer, c’est que l’immense majorité de nos noms en « COURT » a été composée avec les noms germaniques des propriétaires de ces domaines. Qui étaient sûrement des « Germains » nouveaux venus antérieurement au VII ème siècle.
Le nom OMER renvoie au seigneur ou propriétaire de la « CURTIS ». Le passage de celle-ci à l’érection d’un château est le suivant :
La « curtis » devient une motte seigneuriale au plus tôt à la fin du X ème siècle, sur laquelle s’élève un donjon de pierre au XII ème siècle, résidence seigneuriale entourée d’une clôture de bois incluant la basse-cour ou « curticula » comprenant les habitats des paysans et des artisans, ainsi que les vergers, jardins, connils…De quoi vivre en quasi autarcie.
Au VIII ème siècle, PEPIN LE BREF et CHARLEMAGNE fondent la dynastie Carolingienne.
Dès le XIème siècle, des terres royales sont données aux moines des grandes abbayes (Saint Germain des Près pour notre secteur). Cela entraina le développement de la paroisse par l’implantation de l’église (qui remplaça le temple païen), le défrichement, la mise en valeur des terres, des étangs et des bois…
Au XIème siècle, COURTOMER était situé dans la « marche frontière », parfois large d’une quinzaine de kilomètres, séparant le Comté de Champagne et le Domaine Royal. Le Comte et son voisin le Roi y érigeaient des systèmes défensifs pour protéger leurs territoires respectifs. Le château de Courtomer était de toute évidence antérieur au XII ème siècle, de par sa position frontalière. Il appartenait en propre au domaine Royal, et relevait des Comtes de Melun, intermédiaires entre les seigneurs du lieu et le Roi.
Au début du XIIIème siècle, le château appartenait au Chevalier Guy Briart de Villepescle et à sa Dame Marie de Vinci…
Le château de Courtomer, délabré durant la guerre de cent ans, fut complètement démoli au début du XVIIème siècle.
Le fief de Courtomer avec ses fermes (Paradis, les Bordes plus une autre qui se trouve dans le village- l’actuelle ferme Picard) fit partie des possessions de la Baronnie de Cordoux, qui revint en suite à la puissante Abbaye de Saint Germain des Prés. Le tout fut vendu comme biens nationaux après la Révolution Française.
Si l’occupation humaine de ces sites remonte à la nuit des temps, leur histoire ne de vient palpable que par les monuments qui nous sont parvenus : mégalithes, châteaux (ou ce qu’il en reste), et surtout les nombreuses églises autour desquelles, traditionnellement, s’ordonnèrent les paroisses.
Au début du XIème siècle, une ère de prospérité (donc de sécurité) commence en Brie. Poussée par la foi profondément enracinée et par la toute puissance du clergé, débute une vaste campagne de défrichage, d’assèchement et d’aménagements de marais pour la pisciculture. Débute ainsi une véritable fièvre de construction : abbayes, églises, qui maintes fois remaniées depuis, ponctuent nos campagnes…
Aucun document venu à notre connaissance, ne nous permet de définir valablement quand et comment notre village s’est formé.
Si Courtomer est cité, pour la première fois, en 1189 (courtomeriae), son église ne fut érigée, comme beaucoup d’autres, qu’au début du XIIème siècle.
Quant à l’érection du village en « paroisse », officialisant son entité aux plans religieux et administratif, sans doute eut-elle lieu en un second temps, se situant entre les XIIème et XIIIème siècles. C’était une paroisse rattachée au Diocèse de Sens, Doyenné de Melun.
L’église de Courtomer, inscrite en juin 1989, à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, est un édifice au premier regard modeste, mais bien implanté à flanc de coteau, au centre de son village et de sa place.
Sa qualité de volume intérieur est remarquable, elle tient aux proportions de son plan à peu près inscrit dans un carré. Son orientation est sensiblement EST/OUEST, elle est construite en grès et meulières, et couverte de tuiles plates. Elle garde en son sein quelques oeuvres d’art de qualité ( La vierge à l’enfant du XIVème siècle, le Calvaire du XVIème siècle formé du Christ en croix accompagné de la vierge et de Saint Jean)…
Elle est vouée à Notre–Dame de l’Assomption, et Sainte-Genevieve en est la Patronne en association avec une source située à une centaine de mètres à l’est de l’église, dans le jardin de l’ancien presbytère. Pour la datation de la construction de l’édifice, les documents historiques sont pratiquement muets sur le sujet, comme c’est souvent le cas pour nos églises rurales… De destruction en reconstruction partielle, les choses s’étirent apparement du XIIème au XIXème siècle, avec une campagne de travaux sûrement importante au début du XVIème siècle, suite probable aux dommages de la guerre de cent ans.
Telle quelle se trouve, elle est tout à fait représentative des petites églises rurales de Seine et Marne, qui contribuent à leur façon, au visage de ce département.
Elie Stevance